Pendant la guerre du Pacifique, l’unité secrète Pukará a été créée, composée principalement de civils sous surveillance militaire; celui-ci aura plusieurs missions sur le territoire péruvien, car, à son tour, une autre unité du pays du nord fera de même au Chili. Le contexte se produit lors de la campagne de Tacna et d’Arica et, plus tard, celle de Lima.
Ce n’est pas un livre avec une intention historique stricte, mais il est plausible dans la fiction de fiction. La vie des soldats dans ces campagnes dans le désert, les incursions en territoire ennemi, le décor, nous amènent à voir, à ressentir et à porter une attention particulière à ces situations qui n’apparaissent généralement pas dans les livres.
Il ne s’agit pas non plus de nous raconter l’histoire du point de vue d’un Chilien ; C’est l’histoire d’un romancier qui met en scène des personnages qui attirent l’attention du lecteur ; chacun d’eux a été appelé à faire partie de Pukará en raison de ses caractéristiques et de ses compétences, bref, parce qu’il est fonctionnel aux missions secrètes qui lui seront confiées : Ramiro Hernández, un ingénieur qui a travaillé au Pérou ; Emiliano Vergara, analyste d’un petit département du « Ministerio de Guerra i Marina », qui, en tant que Chilien, a vécu ses 17 premières années à Lima ; la barmaid Josefa Sánchez, tireuse d’élite, recrutée à Concepción pour sa grande habileté au fusil; Atilio González, presque un enfant, pourtant expert en matières explosives, en uniforme de 1ère ligne et soldat José Soto, un pisteur qui connaît le désert.
Avec le temps et les circonstances, d’autres personnages se sont joints, sous le commandement du capitaine Ladislao Fuenzalida et du lieutenant Tomás Robledo. Du côté péruvien, des personnages comme Roberto Borgoño, Alfonso Salazar, Jaime Sotelo, Romualdo Aguirre, Mariano Segovia, Gumersindo Flores et la rabona Altagracia Fernández… seront les antagonistes de cette guerre « d’arrière-salle », entre factions non régulières de les deux armées.
C’est la vision de la guerre, la réalité de la guerre, l’odeur de la guerre (« C’est la puanteur de la guerre qui n’a pas cessé de le dégoûter », avec cette phrase le roman commence), un conflit guerrier dans lequel les personnages ne détestent pas toujours les uns les autres : ils ont été entraînés par des circonstances historiques, politiques, par des intérêts qui leur sont étrangers, et ils doivent agir contre un ennemi qu’ils ignorent dans leur individualité, mais c’est l’ennemi ; ici la compassion ne triomphe pas, la guerre se durcit, la vie y est presque toujours à la marge de la compassion. Rien pour idéaliser la guerre, ni le patriotisme. Cela peut engendrer de nobles sentiments ou réveiller la bête qui se cache.
Les campagnes de Tacna, Arica et Lima sont présentes ; le cadre sur la partie quotidienne de ces campagnes est très réaliste ; mais ce qui constitue l’axe de ce roman, ce ne sont pas les combats, leur description, mais la guerre non médiatique ; les unités qui s’affrontent dans le cadre de missions secrètes pendant le conflit. Des héros anonymes, mais pas immaculés. La guerre engourdit, brutalise, et en elle « les gens meurent »… C’est la guerre du sabotage, de l’espionnage, la « sale guerre », de l’anonymat, de l’oubli, pas la guerre des médailles et de la gloire.
Pour ceux qui aiment le genre historique-fiction de guerre, ce sera un roman très divertissant, à la prose directe, sans chichi, avec des phrases parfois courtes, séparées par des points, dont certaines inattendues : « Le général Baquedano reste enfoncé dans son fauteuil.// Vous avez le sentiment de vous être fait avoir. // La guerre n’est pas comme je la voyais.// La guerre c’est l’enfer.// Mais surtout, ce n’est pas comme je la voyais » (les doubles barres indiquent ici des points séparés).
« Pukará », même dans la fiction narrative, ne cesse de présenter ce qui était (ou aurait pu être ou très similaire) ce conflit ; Ce n’est pas sans quelques actions de guerre, mineures mais intenses (les autres grosses sont présentes, mais elles sont parallèles aux vicissitudes de la « brigade suicide »), et, enfin, elle a aussi la composante d’un roman d’action, d’espionnage , d’aventures, mettant en lumière ce que la guerre produit chez l’homme. C’est une grande image réaliste de ce que ce conflit aurait pu être ou était, avec les rigueurs des campagnes déjà mentionnées ; le rôle des civils dans la guerre ; des unités secrètes qui ont agi en territoire ennemi ; de l’héroïsme des femmes (les serveuses chiliennes, les rabonas péruviennes) qui étaient là, en arrière-plan, « derrière le miroir » des grandes campagnes de la guerre du Pacifique.
Fiche technique:
« Pukara. Missions secrètes de la guerre du Pacifique », Andrés Valenzuela, Ediciones del Desierto, Région d’Antofagasta, deuxième édition 2022, 288 pages.
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