Le gouvernement d’Emmanuel Macron survit aux motions de censure sur la réforme des retraites

« Il ne manquait que neuf voix pour faire tomber ce gouvernement et sa réforme, un gouvernement qui est déjà mort pour les Français et qui n’a plus aucune légitimité », a déclaré la députée de gauche radicale Mathilde Panot. Le vote a été plus serré que prévu. La motion présentée par le groupe indépendant LIOT, avec le soutien de la gauche, a obtenu 278 voix sur les 287 nécessaires. Celui présenté par l’extrême droite n’en a obtenu que 94.

La chute des deux motions met un terme à la saga parlementaire de la réforme, même si l’opposition a déjà annoncé des recours devant le Conseil constitutionnel pour stopper son application et favoriser à son tour un référendum. Dans l’attente de leur décision, ce lundi le report de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans d’ici 2030 et l’avancement à 2027 de l’obligation de cotiser 43 ans, au lieu de 42, pour percevoir une retraite à taux plein, ont été définitivement adoptés.

Le président libéral Emmanuel Macron a décidé jeudi d’imposer son projet sans le vote des députés, craignant une défaite au Parlement dans un contexte de rejet par les syndicats et par deux Français sur trois, selon les sondages.

Sa première ministre, en première ligne pour défendre cette réforme clé du second mandat de Macron, s’est dite « déterminée à continuer d’apporter les transformations nécessaires » au pays après avoir remporté le scrutin, dans un communiqué à l’AFP. Mais Borne sort affaibli de cette lutte, surtout lorsque près d’un tiers des députés du parti d’opposition Los Republicanos (LR, droite), qui a négocié avec le gouvernement sur la réforme, ont voté en faveur de son renversement. « Il est évident qu’aujourd’hui le gouvernement a un problème de légitimité et que le président ne peut pas devenir spectateur », a déclaré le droitier Aurélien Pradié, le chef visible de cette opposition au sein du réseau BFMTV.

La dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen, rivale de Macron au second tour de la présidentielle de 2022 et dont le parti sort renforcé du conflit social dans les sondages, a estimé que le Premier ministre « doit partir » ou que le président « l’arrête ». .

Macron risque la gouvernance lors de son second mandat

Le président, qui n’est pas concerné par la motion de censure, joue aussi pour pouvoir appliquer le programme de son second mandat jusqu’en 2027. Dimanche, par l’intermédiaire de son entourage, il a assuré vouloir aller jusqu’au bout avec son projet de retraite. Mais les observateurs estimaient que le gouvernement obtiendrait une victoire à la Pyrrhus. L’utilisation de 49,3 « rendra difficile l’adoption de futures réformes », a prévenu l’agence de notation Moody’s, pourtant favorable à ce type de loi.

Elle survient également dans un contexte de tension croissante dans les rues, après que la France a enregistré les plus grandes manifestations contre la réforme sociale en trois décennies : le 7 mars, entre 1,28 et 3,5 millions de personnes ont manifesté. « Je réitère mon appel au président : retirez cette loi, ne la promulguez pas. Cela calmerait les choses », avait prévenu le leader du syndicat CFDT, Laurent Berger, dans le journal Libération, dont Macron sera « responsable de ce qui se produit. »

Autoroutes bloquées, transports perturbés, aéroport de Tarbes-Lourdes (sud) envahi, milliers de tonnes de déchets dans les rues de Paris, manque de carburant dans le sud-est… Les grévistes multiplient les actions de protestation.