Couverture dans la prestigieuse revue Science : Une découverte franco-chilienne décrit pour la première fois l’importance des animaux dans la reproduction des algues

Tout comme un colibri porte des grains de pollen sur ses plumes, ou une abeille sur ses pattes, de la même manière certains crustacés pourraient participer au processus de reproduction des algues dans la mer. Les gamètes mâles des algues rouges n’ont pas leur propre mobilité et il a toujours été suggéré qu’ils dépendent entièrement du transport par les courants d’eau pour atteindre les femelles.

Que jusqu’à présent, une étude publiée en couverture de la prestigieuse revue Science montrait que la présence d’un petit crustacé isopode Idotea balthica favorisait la reproduction de l’algue rouge Gracilaria gracilis.

Des scientifiques de l’Université Australe du Chili et de l’Université catholique ont participé à la découverte, qui a réuni des chercheurs du Laboratoire international de recherche franco-chilien « Biologie évolutive et écologie des algues (EBEA) » de la Station biologique de Roscoff.

La professeure à l’Université Australe du Chili, Marie-Laure Guillemin, co-auteur de l’étude, explique que « c’est la première fois que ce type d’interaction entre animaux et algues est décrit, ce qui ouvre de nombreuses questions sur son écologie et évolution. Par exemple, cette découverte suggère une origine plus ancienne de la pollinisation animale, qui aurait pu évoluer avant que les plantes n’atteignent la terre. »

Les interactions mutualistes entre les plantes et les animaux lors de la pollinisation sont répandues dans l’environnement terrestre. Ils sont connus pour influencer le processus de reproduction de 90% des angiospermes (plantes à fleurs), tandis que les 10% restants sont pollinisés par le vent. Mais en milieu marin, « il est généralement admis que la fécondation ne se fait que par le mouvement de l’eau. Ainsi, jusqu’à présent, le rôle des animaux dans le transport des gamètes mâles était considéré comme inexistant chez les algues rouges », explique Guillemin.

Les chercheurs ont mené une série d’expériences pour démontrer l’effet du crustacé Idotea balthica sur la fécondation de l’algue Gracilaria gracilis. Ces deux espèces sont souvent associées dans les mares rocheuses de la Manche, en Europe. A marée basse, dans les eaux calmes, ces crustacés se déplacent d’algues en algues et se nourrissent du biofilm et des autres végétaux qui se développent à leur surface. Lorsque la marée monte, pour résister aux vagues, ils s’accrochent fermement aux algues avec les crochets pointus sur leurs pattes.

Les résultats des observations ont clairement montré que la présence de ce crustacé favorise la fécondation chez les algues, « non seulement indirectement par son activité de nage et sa respiration branchiale, mais aussi directement par le transport du sperme collé à son corps des mâles vers les femelles, qu’on a même pu enregistrer en vidéo », racontent les chercheuses, Emma Lavaut et Myriam Valero.

« A l’heure où les milieux marins sont sous forte pression anthropique, ce constat souligne l’importance de préserver non seulement les espèces au sein des écosystèmes, mais aussi les interactions entre espèces. En outre, il reflète la qualité de la recherche que l’Universidad Austral de Chile promeut par l’intermédiaire de son vice-président pour la recherche, le développement et la création artistique (VIDCA), dont les universitaires contribuent constamment efficacement au développement du pays par la création de connaissances. », a souligné le recteur de l’université, Hans Richter.