L’artiste chilienne Catalina Swinburn participe à partir de ce mercredi à la Foire Arco de Madrid avec une œuvre réalisée à partir des votes originaux du plébiscite 2020.
Dans « Analepsis », le créateur tisse manuellement les votes authentiques du référendum qui a appelé à changer, ou non, la Constitution en vigueur dans le pays.
Le tissage est réalisé avec une technique d’emboîtement développée par l’artiste, inspirée des ruines sacrées et des anciens échafaudages textiles utilisés dans les cultures andines.
Réunissant à la fois les bulletins de vote qui ont fait état d’une approbation massive (80% des Chiliens ont approuvé la modification de la Constitution) et les bulletins de vote qui ont rejeté cette voie, « Analepsis » est présenté, quant à lui, « comme un syndrome de démocraties fatiguées typique de l’Occident « , selon un communiqué de la galerie Isabel Aninat.
Parallèlement au tissu, l’artiste présente une vidéo où elle se représente concentrée en train de tisser une structure homogène, qui semble ne pas percevoir le vent fort qui balaie les vagues du tissu en opposition à celui qui tisse.
Le vent symbolise un changement ; le paradigme des sociétés est devenu liquide, c’est-à-dire ; dans des échanges sociopolitiques fluides qui multiplient leurs ondes, et viennent interroger les périmètres des systèmes démocratiques, selon la présentation.
« Le monde numérique et l’irruption des réseaux sociaux nous conduisaient à une fragmentation de la réalité et de la société due à la rapidité d’un langage sans règles. »
« Le tissu présenté par Swinburn est perçu comme compact et fixé par un cadre, cependant, il y a une force intérieure qui s’efforce de briser l’ensemble. Cette ébullition fait échapper une partie des tissus pour s’éparpiller sur le sol, symbolisant la destruction des institutions existantes « , ajoute le communiqué.
« En partant du cas spécifique du Chili, l’artiste nous entraîne vers ce qu’elle pressent comme un renouveau culturel et social. ‘Analepsis’ suggère « le début d’un profond changement de vision du monde ».
Le travail de Swinburn (Santiago, 1979) s’incarne dans des messages fondamentaux et des préoccupations universelles telles que la durabilité, l’identité, l’égalité des sexes et la mondialisation, soulignant les connexions des pays du Sud à travers l’histoire en faisant référence à la résilience féminine.
Le recyclage dans son travail s’effectue à travers de multiples dimensions : le fond, la forme et le processus. Ses œuvres passent par un important processus de transformation et de recyclage. Utilisant le tissu comme métaphore de la résistance, ces œuvres sur papier rapprochent le spectateur de l’identité culturelle et offrent une vision alternative du rôle de l’art en tant que véhicule de la conscience face à diverses formes de savoir. Ils ouvrent ainsi un dialogue entre conservatisme et innovation, entre continuité et transmutation.
Sa technique d’imbrication de documents anciens comme support se traduit par une manifestation de dissidence politique en utilisant des documents de trésors patrimoniaux déplacés, des dizaines d’opéras sur le thème de l’exil et des cartes géopolitiques. Son utilisation du tissu est traversée par un sentiment de diaspora avec une esthétique poétique et subtile. Swinburn tente de sauver les rituels ancestraux liés aux lieux sacrés, à la géographie ancestrale et à la mémoire originelle.
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